Le groupe s’est retrouvé les 6-7 mai, à la Maison Mère et j’ai eu grande joie à le rejoindre arrivant juste de Côte d’Ivoire et Sénégal autour du thème : « Comment j’accueille l’autre différent ? ».
La pointe du partage était orientée vers les migrants, arrivant en nombre croissant en Europe, actualité criante pour notre société et pour l’Église. Toutefois, nous n’avons pas fait l’économie de poser notre regard sur la réalité de notre choix de vie en fraternité. En effet, ce dernier est bien le premier lieu où nous sommes convoquées à accueillir l’autre dans sa différence. Nous laisser surprendre, toucher, interpeller par nos plus proches, dissiper nos peurs, nos préjugés pour oser la rencontre, aller vers l’autre… est œuvre de chaque jour avec celles qui, comme moi, font référence aux mêmes sources, au même charisme. La qualité de ma rencontre avec elles, la qualité de mon regard sur elles, sont chemin de conversion quotidienne, car « l’autre est une terre sacrée devant laquelle je me déchausse !»
Ceci étant dit, élargissons notre réflexion ! Le pape François parle souvent et avec force des migrants : « Être avec les migrants, les plus en marge de notre société, les accompagner, les servir avec humilité, défendre leur droit à la justice, sont aujourd’hui, quelques unes des traductions immédiates de la compassion de Jésus avec les pauvres ». Cela exige de garder sa « porte ouverte » : se laisser toucher par leur vie, surprendre par ce qu’ils témoignent de force, de courage, d’accueil. Pour quelques unes d’entre nous, il s’agit de rejoindre ceux qui s’engagent pour le respect et la dignité des personnes.
Michel Yverneau (frère des Campagnes), nous appelle à être des femmes et des hommes de frontières, lieu de reconnaissance, de respect et de rencontre juste de l’autre, lieu de « passage » ouvrant sur le terrain de l’autre, lieu où nous pouvons construire la fraternité dans la reconnaissance de la diversité. Ouvrant la Bible, il nous a invitées à saisir combien Dieu aime l’étranger. Depuis l’Ancien Testament (lev 19,33, Dt 24, 17-19) jusqu’à la généalogie de Jésus comportant 3 étrangères et sa rencontre avec la Syro-phénicienne qui Lui fait découvrir l’universalité de sa mission… Il est venu pour tous les hommes.
Et faisant écho à quelques discussions livrées par les Actes des Apôtres, il nous lançait cette interpellation et conviction :
« Ne sommes-nous pas toujours pris en flagrant délit de poser des frontières… ethniques, géographiques, de sexe, de couleur, de religions…ce qui nous rend incapables d’entendre un cri authentique, une parole vraie. Nous limitons parfois l’action de Dieu qui n’est insensible à aucune souffrance, à aucun malheur, à aucun cri, à aucune division. Cette femme discrète a réussi à ouvrir par sa confiance et sa foi une brèche dans le plan d’amour de Dieu. Il fait joie dans sa famille, dans sa maison, chez tous les peuples…
Retenons la force de l’acte de foi, de l’insistance dans la prière :
Dieu aime les audacieux et il a dû poser sur la Cananéenne un regard émerveillé. »
Avec un tel envoi, rendez-vous a été pris pour une prochaine rencontre, en novembre !
Groupe Espace partage de vie : « Comment j’accueille l’autre différent ? »
Je me suis pleinement retrouvée dans cette réflexion. Merci au groupe de m’avoir accueillie !
Nicole Chambert