Résurrection
Il n’y a plus rien à faire, son ami est mort. Elle l’a vu agoniser sur une croix, elle l’a enseveli dans le tombeau. Mais le plus difficile, c’est peut-être le lendemain, quand le poids de l’absence se fait si lourd à porter. « Il n’y a rien à faire », si ce n’est aller se recueillir devant la tombe pour se replonger dans les souvenirs. Marie-Madeleine se met en route au petit matin de Pâques.
« Il n’y a plus rien à faire ». Combien de fois l’ai-je entendue, cette parole, dans des parloirs de prison, où des jeunes, sachant qu’à leur sortie ils se retrouveraient à la rue, ne voyaient guère comment ils ne pourraient pas céder à l’attrait d’un nouveau délit! Combien de fois l’ai-je entendue dans des cages d’escalier, lorsque des adolescents se sentaient pris dans l’engrenage de la drogue! Et combien de fois l’ai-je entendue dans la bouche même des parents de ces jeunes!
« Il n’y a rien à faire! » Des adolescents s’entre-tuent et des innocents meurent.
« Il n’y a rien à faire! », disons-nous, chaque fois que nous sommes pris dans l’engrenage des démissions et du laisser-aller, de l’injustice et de l’argent, des habitudes et des slogans faciles. Il nous arrive si facilement de baisser les bras.
Mais voici que ce matin, la pierre a été ôtée du tombeau. Une brèche s’est ouverte. Désormais, rien ne sera plus comme avant. La nouvelle est bientôt sur toutes les lèvres. Celui que l’on croyait mort est vivant, il nous précède sur les routes du monde et nous appelle sans cesse au-delà de nos peurs.
Celui qui nous pousse à nous mettre debout au lieu de ramper, à nous rassembler au lieu de nous murer dans nos solitudes, à nous mettre en marche au lieu de renoncer: Christ est ressuscité. Nous ne disons pas qu’il a été ressuscité ( un peu comme nous disons qu’il a été enseveli). La Résurrection ne peut se parler qu’au présent. Proclamer « Christ est ressuscité », ce n’est pas faire un constat sur le passé, c’est prendre un engagement dans le présent.
Croire en la Résurrection, c’est accepter de toujours recommencer, et de façon toujours nouvelle, sans céder à la tentation du découragement. C’est croire que l’avenir est ouvert, en refusant, surtout lorsque les temps sont difficiles, de devenir nostalgiques du passé. C’est s’engager sur des chemins nouveaux, en devenant créateurs de relations nouvelles. Il ne s’agit pas de disserter sur la Résurrection mais d’en vivre. Car on ne peut pas prouver la Résurrection, on peut seulement en témoigner.
Jean-Marie Petitclerc, prêtre.
